Mon très cher Big,
Le jour où nous nous sommes connus, je n’allais pas bien. Cet après-midi de stupre était ma façon de mettre fin à une relation fantasmatique qui durait depuis six mois. Certain boivent pour se perdre, moi je baise, ça me rend moins malade.
Quoique.
Je n’avais pas prévu de faire une rencontre au même endroit où l’autre avait commencée (à 50cm près). Le diner au restaurant n’était pas prévu non plus, sans parler de la nuit chez toi. Il n’était pas prévu que tu porte le prénom qui aurai dut être le mien, que ton colocataire porte le prénom de mon premier amour ni que nous ayons Olivier, prénom du garçon à cause duquel j’ai commencé mon analyse, comme connaissance commune.
Mais je ne m’étonne plus de rien.
Le lendemain, j’étais complètement perdu, irrité et séduit. Je ne savais que faire. Te demander tes coordonnées et vouloir te revoir me paraissait chimérique. Je ne voulais pas m’attacher à toi, ne rien connaitre de ta vie, ni ton nom, ni ton “trésor” de pièces en argent. Seulement digérer l’histoire que je venais de clore. Je voulais me reposer après cette année extrêmement, trop, riche en évènements. Je voyais venir le développement que nous avons connu, mais comment te résister, toi que je regarde dormir plutôt que de me reposer ?
Tu m’as cru dépressif et amoché par la vie, je l’étais effectivement à ce moment précis. Mais ces jours de déprime n’étaient que transitoires, je ne suis pas le Calimero que tu crois…
J’ai gardé mes sentiments pour moi. Je les ai enfouis, ne te contactant que ponctuellement, mettant une distance entre nous que tu marqua d’un solennel « Je ne suis pas amoureux de toi ». Soit.Alors que faire ?
T’écouter me dire « Je veux qu’on se voit, qu’on aille à des concerts – tu m’as promis – que je te présente à mes amis » et attendre toujours que tu m’appelle pour rentrer dans ta vie ?
Te faire entrer dans le merdier qu’est la mienne ou arrêter à ce dimanche l’exercice de ma comptabilité sentimentale et clore ton compte?
Finalement j’ai choisi cette dernière option qui ne laisse, sinon un gout amer, aucune ambigüité. Parce que je t’aime certes, mais surtout parce que je m’aime aussi j’avais choisi de mettre fin à toutes relations entre nous, même si ça me fait un mal de chien.
Parce que je suis un grand garçon et que je ne vois pas d’autre solution.
Mais tu m’as relancé ce lundi alors que je t’avais demandé de me laisser en paix et que je commençais à la trouver. Je ne t’en veux pas pour autant, c’est le pire. Je te maudis et t’affuble de tous les noms d’oiseaux mais je continue à t’aimer malgré cela.
Comme tu t’es claquemuré dans ta forteresse et que je ne suis plus un preux chevalier, je renonce au combat, même pour ton amitié, même si tu pouvais être – peux être – es - l’homme de ma vie. Tu as sans doute trop peur de ce que ça pourrai donner; il est vrai que je suis un peu flippant, mais loyal et honnête. Je ne porte aucun jugement sur ta façon de voir les choses, elle est seulement différente de la mienne.
Tout cela pour te dire que, contrairement à Calimero, je ne vais pas rester dans ton giron à me plaindre que tu ne m’aime pas. Je préfère continuer mon chemin après cette belle halte, sachant que sans doute un jour nous nous recroiserons et nous pourrons, sans peurs ni pudeur nous dire ce que nous avons au fond du cœur.
Pour l’heure, je t’embrasse très fort (ces mots sont choisis), t’enjoins à me répondre sereinement et à me proposer une alternative, si tu en vois une.
Avec toute ma sincère affection,
Néo.