Si Longtemps…

Sara Bareilles - Little voice

Lorsqu’une histoire est fondatrice, il faut vivre ensuite avec ces fondations, les assumer, les digérer. Lorsqu’une histoire se fonde sur un drame, il faut dépasser la charge émotionnelle du drame et créer de nouvelles choses. Sublimer le drame.

J’en suis encore à la digestion du drame. Paul, encore, est là dans mes pensées entre Nicolas et Laurent. Les deux prénoms me poursuivent et me font penser à une gigantesque erreur. La juxtaposition me laisse perplexe, comme un symbole que je ne comprendrai pas, comme une carte du tarot qui raisonnerai sur une fréquence que je ne capte pas. L’amoureux ? Paul est au centre, entre Nicolas et Laurent, médiateur entre mes deux démons-amants-amours. J’ai remis mon anneaux d’argent, celui que Paul s’était approprié. C’est un peu de lui que je porte sur moi, une façon de le réintégrer dans ma sphère intime. J’efface les mauvais passages, je ne me rappelle plus que des beaux moments. J’ai été heureux avec Paul, profondément heureux, comme je ne l’avais pas été depuis très, très longtemps. Avec Laurent, j’ai vraiment l’impression de faire une bêtise, de repartir dans une relation similaire à celle avec Hantz, quelque chose qui ne dépendrait pas de moi. Comme si j’étais forcé de tomber amoureux de lui, parce qu’il est gentil, mignon et attentionné. Est-ce que ça doit suffire ?

Zazie - Totem

Au moment où les choses se décantes, une nouvelle aventure. Avec Laurent.

Nous sommes tombé dans les bras l’un de l’autre vendredi dernier. Nous avons passé le week end ensemble.

C’est curieux, nous nous connaissons depuis plus de 6 mois, il sait tout de mes histoires avec Paul ou Nicolas. Nous sommes très libre et naturel entre nous, c’est vraiment une relation inhabituelle. Je suis tombé amoureux.

Mais Paul est toujours là, dans mon crâne. Moins présent, soit; mais il est là.

Je lui ai envoyé par mail la chanson de Zazie “ça”. Peut-être vais-je cicatriser. Sans doute. Mais je ne voudrais pas que Laurent ne soit que mon pansement, il ne mérite pas ça.

Silence du matin

Je vais peut-être ce soir basculer dans une nouvelle étape. Je vois Laurent que je connais depuis la fin de l’année dernière. C’est lui qui m’avait trainé à la gay pride.

Il s’est passé quelque chose mardi entre nous. Nous en parlerons ce soir.

Paul a effacé l’un de ses profils sur un tchat et enlevé ses photos sur l’autre. Je les avais regardé hier et avant hier. Ca ne me fait plus grand chose de voir sa bouille, sinon m’attendrir en me disant que nous avons vécu de belles choses ensemble. Je pense lui écrire. Je pense écrire d’autres choses aussi, vider ma mémoire qui ne demande que ça. Expulser mes bébés morts-né.

Sara Bareilles - Little voice

J’écoute en boucle “love song” comme si je devais la chanter à Nicolas. Mais il ne comprends pas l’anglais. Pas plus que Paul à qui j’aurai pu chanter “Chasing pavement” d’Adele puis “Mercy” de Duffy.

Les chansons se suivent et ne se ressemblent pas mais leur sens m’apparait intuitivement. Je me choisit une chanson et le texte me dis quelle est la marche à suivre. Quelquefois (souvent) je ne perçois que la musique, je ne fais pas attention aux paroles. Il faut dire que je ne choisis que des chansons en anglais. Mon inconscient est anglophone.

Ce soir, mercredi, je vais dire à Nicolas que ça ne peut pas marcher entre nous. Première expérience de largage.

Ce soir, je suis sorti avec Laurent. Apéro, dîner, ballade, rigolade. J’ai eu envie de l’embrasser. Je m’en suis gardé, il est au courant de toute mon histoire avec Paul. Je lui en parle souvent. Cette amitié m’est précieuse et je ne voudrais pas la perdre pour un geste déplacé.

Je suis largué.

Paul est là, dans ma tête.

Encore.