Thomas Dybdahl - That Great October Sound.
On est sortis Hantz et moi. Cinéma. “Les sœurs fâchées”. J’ai adoré, c’était couru. Une histoire de sœurs qui se déchirent mais s’aiment. Leur mère est alcoolique et les a reniée. Ça m’a remué, fait réfléchir. J’ai ris, pleuré. Enfin, j’aime énormément ce film. Voila. Pour le reste, j’ai eu la confirmation ce samedi soir qu’Olivier jouerai bien dans le spectacle d’avril. Et je me prends à espérer, à croire qu’il y a quelque chose de possible. J’ai pas envie d’avoir mal encore. Ça va faire un an que je supporte ça.
Je l’avais déjà remarqué alors qu’il jouait. J’étais spectateur et il était le seul mec potable de la pièce. Et voila que pour un projet d’opérette on nous demande de participer comme choriste. Aux répétitions, il s’assoie à coté de moi, plaisante. On travaille, je ne connais personne, je suis glacial. Je sais déjà la partition et je suis le seul vrai chanteur donc je ne passe pas inaperçu. Nous sympathisons. Le lendemain je demande à Nathalie : “C’est qui ce mec ?”
“Ben c’est Olivier! Il est comédien professionnel. C’est un pilier de la troupe. Je l’adore, c’est un type génial ! ”
Dont acte. A la troisième répétition j’ai droit à la bise. Je fais parti du sérail, je suis des leurs.
Le spectacle se passe bien. On a le même humour décalé, la complicité est immédiate. Je suis déjà accro.
Il doit nous aider pour un spectacle. Un de nos rôle principaux s’est barré, il remplacera gracieusement. Nous sommes en juin, le spectacle est pour septembre. Pour se chauffer il est choriste lors d’une représentation. Entre deux scènes, je lui demande si on peux se voir un de ces jours, boire un café en ville pour qu’il m’aide à trouver du boulot lui qui connaît tout le monde. Rendez-vous est pris. Un mercredi après-midi, place du Cap, en terrasse. J’ai dormi six heures, j’ai la tête dans le cul.
Il arrive sur son scooter, fier comme bar-tabac.
Je fonds.
Il arbore un “pentacourt” blanc et un t shirt rouge.
Je fonds.
Il me fait la bise.
Je suis une flaque par terre.
On a parlé pendant deux heures, de moi, de lui. Il m’a chanté des chansons de Jean Yanne, comme ça, penché vers moi sur la table, moi qui ne perdais rien du jeux du soleil dans ses iris bruns, des mouvements de sa bouche, de ses petites mains posées, tranquilles. J’ai dégusté ce moment d’intimité offerte. J’ai pris ça pour une déclaration, ou un semblant. Nous sommes allé faire quelques achats. A cinq heure et demi, je lui ais dis que j’avais un rendez-vous chez mon psy et que je devais donc le laissez là. A l’entrée d’un magasin nous nous sommes fais la bise doucement et je voyais dans ses yeux le regret de cette séparation. J’aurai voulu que cet après-midi n’ai pas de fin. Mais il a sa vie et j’ai la mienne.
Le lendemain, je lui ai écrit un mail où je me déclarai. J’ai attendu la réponse tout l’été. Septembre est arrivé et je lui ai demandé, toujours par mail, une explication. Après quelques épisodes étranges, nous nous retrouvons à la première répétition du spectacle prévu. Là, rien. Je suis tellement mal que je chante et joue comme une savate. Lui aussi.
A la deuxième je l’ai prié de me suivre afin de discuter. J’ai eu la plus belle explication débile que je n’ai jamais eu. Il ne m’avait pas répondu pour ne pas me faire plus de mal. J’ai perdu ma grand-mère et tout contrôle de moi-même. Au spectacle, j’étais aphone. J’ai fais du playback sur sa voix. Il a été mauvais comme jamais.
En écrivant tous cela, je me dis que je ferai mieux de rester avec Hantz, que mes grandes passions vont me détruire. Je devrai accepter cette vie tranquille, sans aspérités, sans vie.
J’ai hâte d’être en avril.